lundi, juillet 04, 2005

Pour plus d'infos sur la Sonacotra

La Sonacotra, Société nationale de construction pour les travailleurs, le colonialisme au quotidien et près de chez vous...

Deux articles sont parus récemment sur Indymédia faisant état d'actions menés dans les foyers des marchands de sommeil de l'Etat :

Manifestation contre la répression à la Sonacotra> ;

Coordination contre la répression à la Sonacotra.

Une petite anecdote oubliée lors du contrôle musclé au Foyer de la Fontaine-au-roi. — Mme Patricia Boisseleau, directrice de l'Agence Paris-Est présente sur les lieux, déjà fameuse pour ces méthodes autoritaires et son manque total de scrupules et de prudence, est interpellée sur des fuites d'eau récurrentes dans certaines chambres. Déclaration prise sur le vif : « Tant qu'il y aura des résidents en surnombre, pas de réparation. »

L'inondation après le kärcher pour lutter contre les nouvelles classes dangereuses ?

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Pour en savoir plus

La Sonacotra est une société d'économie mixte très, très proche de l'Etat, qui gère environ 450 foyers de travailleurs migrants (FTM in teknojargon). Une administration de l'Etat à l'origine, créée pendant la Guerre d'Algérie pour loger et surveiller les travailleurs algériens et financée grâce à leurs allocations familiales que les technocrates avaient bloquées depuis 1946. Pourquoi ? Ben, tu ne vas quand même pas nourrir la smala du bled avec le salaire de Moussa ! Il a bien sué le burnou à cette époque de grande reconstruction, mais, dit autrement, les planificateurs, certains en place comme lobbyistes depuis les années 30, ont quelques soucis démographiques (pour ne pas dire eugénistes) du fait de la situation d'apartheid larvé dans le département d'outre-méditerranée (revoir pour ceux qui ont la mémoire courte l'histoire du 8 mai 1945, des promesses de la conférence de Brazzaville escamotées, de l'invention des deux collèges électoraux etc.). Mieux valait consacrer cet argent prélevé sur le salaire des travailleurs pour leur construire des clapiers à leur frais pour qu'ils continuent à bosser comme des nègres...

Après les accords d'Evian, la Sonacotral (Soc. Nat. Cons. Trav. algériens) devient enfin La SONACOTRA et accueille à partir de 1962 toutes les nationalités (surtout maghrébins et subsahariens), sans changer de méthodes...

Depuis 1995, la Sonacotra, comme le demande depuis des années le Front National, et la félicite la Cours des Comptes dans son rapport de décembre 2004, offre ses services à « nos concitoyens les plus démunis. », i.e. les RMIstes et autres exclus subventionnés. - Sympa pour eux, non ? Des Français de souche à la Sonacotra, l'intégration est en en bonne voie.

Pour d'autre infos, nous recommandons en premier, le site officiel assez amusant. Leur chronologie en particulier est un monument de révisionisme naïf par son omission des cinq années pourtant assez mouvementées de 1975 à 1980. La Société nationale de construction pour les travailleurs, avant établissement administratif est maintenant une Société d'économie mixte détenue à 80% par l'état (les 20 % restant n'étant pas loin, je vous rassure). Une vieille dame qui a le gout du secret et l'évolution récente tend encore à brouiller les pistes et les responsabilités.

A retenir, leur proximité avec le pouvoir d'Etat (« la Sonacotra est un outil de l'Etatnbsp;», peut-on même lire sur leur site). Le PDG, désigné en conseil des miinistre a le statut de préfet !

Mme Boisseleau, qui a la charge des deux foyers en question (La Fontaine-au-roi et Annam) est la directrice d'une agence, un « centre de production » comme ils disent (déconcentration égale dictature du petit chef, oui ou non ?). Elle gère une huitaine de foyers du Nord de Paris. Certains sont spécifiquement africains, d'autre tendent vers ce qu'ils appellent dans leur voeux pieux des résidences sociales : elles hébergent comme celle d'Annam une population hétéroclite de plus ou moins miséreux et nécessiteux (A Annam, 400 personnes, 50 nationalités + 40 % de Français, 54 RMIstes au dernier recensement...). Quant à l'accompagnement social, au mieux il est absent. Production de misère, entretien de la dépendance, un autoritarisme qui fait que certains résidents soutiennent que la direction a le pouvoir de leur interdire de se parler entre eux, une « rente » de la bouche même de certains administrateurs.

Sur leur histoire, nous recommandons les articles du site du Gisti :

 sur la sonacotra en générale et les luttes dont elle fut le théâtre : http://www.gisti.org/doc/plein-droit/53-54/lutte.html

 sur le vol par l'Etat des allocations famiales des travailleurs algériens pour financer l'opération : http://www.gisti.org/doc/presse/1998/math/allocations.html

Et une interview publiée dans Vacarme : un meneur des grèves historiques de la fin des années 1970 revient dessus et sur les liens avec les mouvements de sans-papier qui en sont nés :

 http://vacarme.eu.org/article115.html

Sur la situation actuelle, faire une rapide revue de presse sur Internet : vous tapez Sonacotra et, mis à part les articles officiels de propagande, une litanie de condamnations, le constat de l'abandon croissant de ces populations au bon vouloir et à l'incurie des technocrates et quelques échos d'une lutte endémique entre gestionnaires et résidents réunis ou non en comité, quelques protestations de la presse de gauche... Nous avons une liste, mais rien qui sortent du lot et cela fait déjà assez d'infos !


Qui, à part nous, s'intéresse à la Sonacotra ?

• Le Front national, mieux informé que la plupart sur la politique publique de mmigration et qui ne s'y trompe pas,lui reprochant d'avoir été un instrument majeur de son contrôle par l'Etat. Le FN doit bien être le seul de tous les partis à afficher ainsi sa position sur une question que les autres abandonnent à un traitement administratif un peu honteux. C'est déjà extrême-droite qui avait attiré l'attention sur les foyers par quelques attentats racistes il y a plus de quinze ans. Ils ont repris aujourd'hui (cf. entre autre le Monde du réveillon, une nuit au foyer Sonacotra d'Ajaccio.)

Le programme actuel du FN (disponible sur Internet) mentionne deux fois la Sonacotra et préconise la transformation des foyers de travailleurs migrants en centres d'hébergement pour « nos compatriotes les plus démunis », ce que tente de faire l'Etat quand il programme leur transformation en « résidences sociales ».

• Mais que fait le gouvernement ? Plus de rapports parlementaires intempestifs depuis celui de Cuq, un ex flic des RG corréziens, aujourd'hui ministre des relations avec le parlement, qui en 1995 avait dressé la liste de 20 foyers africains à détruire d'urgence (épargnant cependant l'étatique Sonacotra). Mais la Sonacotra figure en bonne place dans le rapport que la cour des comptes à remis en novembre dernier sur l'administration de l'immigration.

On lui reproche d'avoir mis 20 ans, de 1974 à 1994, à s'adapter au changement de la politique d'immigration en continuant à accueillir exclusivement des étrangers. Elle est félicitée pour avoir déjà engagé la transformation de certains foyers en résidences sociales et en avoir ouverte d'autres et encouragée à être plus répressive contre la surroccupation dans les foyers qui hébergent encore des étrangers et qui sont vus comme des nids de clandestins (depuis que j'ai écrit ce texte, Villepin en a rajouté une couche contre les clandestins justement).

Il est difficile de réaliser que le foyer Annam fait partie des rares initiatives heureuses qu'ils saluent. J'en ai froid dans le dos. Il faut dire qu'il faudra de la place pour loger tous les RMIstes dont on vient de nous annoncer (d'après certains qui suivent mieux que moi l'actualité des chiffres pour la deuxième fois consécutive en un an d'intervalle) que le nombre vient de dépasser le million (sans compté les autres exclus subventionnés). Libé ne relie pas cela à l'immigration, cela ferait mauvais genre, le Monde s'en fout. L'Etat, lui continue à s'acharner sur les africains et privilégie les polonais qui se remarquent moins (mais où va-t-on les mettre si les foyers sont plein de RMIstes ?). Tout va bien.

• Relâchez les petits vieux ! Seul le sort des vieux maghrébins, les« chibanis », qui seraient retenus en France dans les foyers sous prétexte de toucher leur retraite, émeut les coeurs sensibles. L'Etat avait même commandé il y a quelques années une enquête à l'UNESCO sur cette population résiduelle non prévue dans les plans des technocrates. le sujet est assez bien documenté (études sociologiques sur la manière dont ils s'accommodent de la situation, dénonciations de la presse de gauche, rapports administratifs). Un reportage est paru dans le CQFD de février sur la situation à Marseille : http://www.cequilfautdetruire.org/article.php3?id_article=539. Aujourd'hui, la Cour des comptes s'en alarme et propose que les consulats au pays puissent s'en occuper et qu'on leur y construise des logements à côté (qui ? la Sonacotra ?), car, sinon, comment contrôler que leur famille ne continuera pas à percevoir leur pention après leur mort ?

 Et vous vous en pensez quoi ?

Première publication: Indymedia Paris.

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