mercredi, octobre 12, 2005

Le Foyer au vrai sens du terme

En réponse au reportage « La “résidence” Sonacotra de la Fontaine au Roi : un foyer au vrai sens du terme », par Usha F. Matisson, sur Place publique

Avec Internet les articles restent plus longtemps disponibles que dans la presse écrite que l’on peine à archiver, et parfois c’est terrible. Depuis l’écriture de ce reportage qui nous dresse un tableau encore paisible de la « résidence » Sonacotra de la Fontaine au roi, ce « foyer au vrai sens du terme » défraye quelque peu la chronique. A la suite d’une première opération de contrôle début juin 2005, il subit régulièrement la pression de son gestionnaire soutenu par des visites de police de plus en plus impressionnantes. Le prétexte est de lutter contre les surrocupations mais aussi il s’agit de répondre aux consignes d’interpellation des clandestins donnés par le ministère à ses représentants et aux forces de l’ordre. Une fois les visites avec huissiers demandées par la Sonacotra, ceux-ci s’adresse à leur tour aux autorités pour être accompagné par la police et le préfet en profite pour diligenter une inspection. Le scénario est bien rodé et les contrôles se succèdent, les assignations aussi mais ces intrusions dans les parties collectives et privatives se heurtent aussi à l’opposition des résidants et à chaque fois les forces de l’ordre dépéchées sur place sont plus nombreuses.

Le échos assourdis de ce conflit ne dépassent pas le quartier ou les milieux militants et associatifs mais le scandale s’étend. Les Verts ont appuyé une pétition des résidents en Juillet suite au premier contrôle. Il appelaient avec d’autres association et partis politiques a eu une manifestation. Ce n’est pas anodins quand on connaît les responasbilités qu’ils ont dans la gestion du logement à la Mairie de Paris, engagement qui leur vaut quelques tiraillement avec les socialistes qui dominent la majorité actuelle. Plusieurs lettres ouvertes adressés aux responsables de la Sonacotra signé d’un comité de soutien au coordinations de résidents regroupant beaucoup d’associations sociales ou de groupes politiques, et soutenu par une pétition de riverains a été diffusé sur Internet. Sans d’autre réponse, bien sûr.

Intéressant un vœu a été adopté à l’unanimité au Conseil d’arrondissement du XIe arrondissement le 4 juillet 2005, en séance publique, salle des Mariages de la Mairie. La retranscription des débats est édifiante et disponible sur Internet : http://www.mairie11.paris.fr/mairie11/download/Seance_du_2005.07.04__4_juillet_2005.doc

Grâce aux nouvelles technologie et aux moyens mis en œuvre par la Mairie du XIe, à défaut d’assiter au séances (publiques), chacun a maintenant (à condition toutefois de disposer d’un ordianteur) de savoir ce qui s’y dit et nous devrions plus nous intéresser à ces nouveaux outils à notre disposition qui me paraissent un grand atout pour renouer avec une meilleure démocratie locale.

Intéressant car ce sont des élus d’arrondissements et du Conseil de Paris qui décrivent la réalité de l’insalubrité et les carences de la Sonacotra. Le rapporteur, M. Daguenet, Conseiller délégué chargé des Nouvelles Technologies dresse un sombre bilan :

« Ce foyer de la Fontaine-au-Roi est pour le moins dans un sale état. Les portes et fenêtres ne ferment plus ; dès qu’il pleut, l’eau tombe dans certaines parties communes ; il n’y pas de salle d’eau ni de WC dans les chambres. Il est urgent là aussi que la SONACOTRA prenne des engagements précis et rapides pour la réhabilitation de ce bâtiment et ce, en concertation avec les résidents et leur comité. Les résidents ont besoin de notre soutien c’est pourquoi je vous demande d’approuver ce vœu. »

Une conseillère Mme Bourcart n’hésite pas à parler de « solutions coup de poing » tout en rappelant :

« dans un premier temps, nous avons d’abord travaillé sur les cinq foyers appartenant à la Ville. Ces foyers étaient en grève de loyer depuis vingt ans du fait de leur état de délabrement. »

Remarquons ’est à cette occasion que Monsieur Georges SARRE, maire du XIème arrondissement de Paris. a appris que la ville allait de plus en plus être appelé à prendre en charge le finacement et la gestion de ces établissements avec la Sonacotra (bon courage !).

« M. le Maire : Si la Ville de Paris, et vous me l’apprenez, a pris en charge la réhabilitation de tous les foyers SONACOTRA, c’est une avancée politique et sociale remarquable. »

Ce vœu est le suivant :

« - Que le Maire de Paris, intervienne auprès de la SONACOTRA et de l’Etat, pour exprimer sa préoccupation face à l’engagement d’une procédure contentieuse, alors qu’une négociation était engagée avec le comité des résidents, et pour demander qu’une solution à l’amiable soit trouvée au problème posé par la sur-occupation des chambres du foyer.

« - Que le Maire de Paris intervienne auprès de la SONACOTRA pour que de nouvelles solutions d’hébergement soient dégagées et pour obtenir que soit élaboré dans les plus brefs délais, un programme de réhabilitation du bâtiment en concertation avec les résidents. »

Il n’aura pas eu beaucoup d’effet comme les événements suivants l’ont montré mais il devrait tous nous amener à être moins indifférent. M. Daguenet avait conclue sur une analyse que les drames survenus deux mois après allait dramatiquement confirmer : « Dans une situation de crise du logement sans précédent depuis la fin de la dernière guerre, cela suppose de faire aujourd’hui du logement social une priorité nationale. »

Les « solutions » ou opération coup de poing comme beaucoup n’hésite pas a les qualifier n’en ont pas cessé pour autant, à la Fontaine au roi ou à ailleurs. Une semaine avant l’expulsion des dix-neuf locataires de l’hôtel de l’Espérance qui a ému les médias, la Sonacotra avait fait procéder avec le préfet à l’expulsion sans guère plus de ménagements de treize résidents d’un foyer de Saint-Denis, cette fois-ci pour avoir constitué un comité non reconnu par la direction, puisque les voix de fait dont ils étaient accusés envers des membres du personnel Sonacotra n’auraient pas été retenu par le tribunal.

Le maire de Saint-Denis, Monsieur Didier Paillard, qui a reçu des membres du comité expulsé et un syndicaliste de la CGL locale a protesté auprès du préfet et il a obtenu de la Sonacotra qu’une table ronde mettant face à face les différents interlocuteurs se tienne la semaine suivante (« 13 personnes expulsées d’un foyer Sonacotra pour "voies de fait" », AFP repris par "Le Monde" : http://www.lemonde.fr/web/depeches/texte/0,14-0,39-25741639,0.html ).

Depuis personne n’a de nouvelles. Il faut dire que les médias ne s’en sont trop préoccupés. Pourtant il fallait que les résidents aient été soumis à des conditions de vie graves pour que treize personnes osent ainsi braver une entreprise que l’on sait fort susceptible. L’AFP rapporte que Mamady Dramé qui fait partie des expulsés qu’ils s’avaient décidé de protester en groupe à la suite des conflits multiples avec la Sonacotra qui « voulait imposer des règles de vie inhumaines : les résidents ne devaient plus recevoir personne, ne pouvaient pas partir plus de quelques semaines, ne pouvaient pas recevoir leurs propres fils sans remettre ses papiers à la direction. »

Une rapide recherche sur Google suffit pour se faire une idée de l’actualité de la Sonacotra. Le voisinage de l’article de place publique, toujours bien référencé avec ceux qui évoque le conflit dont ce foyer est devenu un an après son écriture est frappante (cf. les Verts qui reprennent un tract des résidents du même foyer : « Foyer SONACOTRA, Paris 11ème : une situation indigne qui a trop duré » http://lesvertsparis.org/article.php3 ?id_article=815 )

La grande presse a révélé aussi que c’était cette société que Sarkozy avait confiée la construction de logements d’urgence pour les expulsés. Personne ne s’en est inquiété mis à part quelques associations. Cette société d’économie mixte n’set pourtant plus depuis la signature cette année par M. Borloo, ministre de la cohésion sociale, et deux autres de ses collègues de son nouveau contrat d’objectif avec l’Etat sous tutelle du ministère de l’Intérieur. Mais c’est Sarkozy qui a annoncé cette nouvelle mission que se voyait confié une société à laquelle il est fait de plus en plus appel pour le logement « très social » (foyers, résidences sociales, centre d’hébergement d’urgence pour SDF, campements pour gens du voyages etc.) alors que ses abus sont régulièrement dénoncé par des élus mais aussi jusque par ces partenaires administratifs et le milieu associatif.

Je n’ai nullement envie de lancer une polémique avec « Place public » ou l’auteur. Bien sûr il y aurait à dire sur ce que l’on semble attendre de la formation au reportage. Mais ne jettons pas la pierre à Catherine Baudrouet pour être passé à côté d’une certaine réalité lors de son rapide passage à la Fontaine au roi. Les foyers sont des univers assez fermés qui ne se livrent pas tout de suite et la grande force des Africains qui y résident est de conserver leur dignité en dépit de leurs conditions de vie, de leur situation de précarité, des menaces et atteintes qu’ils subissent.

Malgré l’état pitoyable dans lequel les laisse leur administration les foyers ne sont pas en effet dépourvu de charme. Ce qui aide certainement les résidents à résister.

J’ai découvert celui dont parle l’article, voisin de chez moi à la faveur du passage à Paris d’un mai nigérien qui le premier m’y amena manger. Un euro cinquante le plat, cela vaut le coup. J’y vais encore et j’apprécie la convivialité et les plats africains, la sauce Gombo en particulier. Comme les autres je fais abstraction de la crasse sur les murs jamais repeint, sur les vitres salles etc. Les femmes qui préparent, élégantes dans leur savants ensembles en pagne, prennent trop de soin pour que l’on ait à craindre pour l’hygiène, et de toute façon la cuisine se fait sous nos yeux et nous pouvons nous en assurer plus que dans beaucoup de restaurants parisiens plus huppés...

Elles donnent un bel exemple de ce que peut la solidarité dans ce genre de circonstances.

Je voulais juste compléter cet article en donnant des nouvelles de ce foyer. Pour terminer je cite sans commentaires un article qui relate les derniers événements qu’a connus la Fontaine au roi :

« Les foyers de travailleurs migrants sont en ce moment toucher par la politique du gouvernement et notamment celle de Nicolas SARKOZI.

« Tôt le matin, à 3 reprises, le 2 juin, le 19 septembre et le 30 septembre des forces de l’ordre sont venus dans le foyer SONACOTRA de la Fontaine au Roi.

« Pour le 19 septembre, la police est venue et n’a pu rentrer dans le foyer car des résidants se sont opposés à leurs arrivées. De plus le responsable de la SONACOTRA ainsi que l’huissier qui l’accompagné sont repartis précipitamment.

« Et donc ils sont revenus avec des moyens beaucoup plus important pour effectuer leur contrôle. Plus de 400 CRS ont bouclé le quartier avec leurs habitants qui n’ont pu aller travailler avant 8 H du matin tout comme les résidants. Ils ont bloqué tous les couloirs pour que personnes ne puissent se regrouper et ont même gazé les couloirs ainsi que frapper au minimum un résidant (âgé) et en ont embarqué un autre parce qu’il aurait frappé sur une voiture de police. Les résidants musulmans n’ont pu faire la première prière du matin... »

« CONFLITS DU FOYER SONACOTRA » (Source et suite : http://paris.indymedia.org/article.php3 ?id_article=43510 posté par IsolentE le 7/10/2005 à 07h16.)

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